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Ligue des auteurs pro : comment Betty Piccioli défend les auteurs

Ingrid: Tu es engagée au sein de la Ligue des auteurs professionnels. Comment ça t’es venu?

Betty: [00:24:30] Avant d’écrire, j’avais une carrière dans la politique et j’ai toujours été assez engagée et militante, plutôt côté social, écologie, etc. Et en fait, dès que j’ai commencé à m’intéresser au milieu littéraire, à vouloir entrer dedans, je suis passée par l’aspect réseaux sociaux. Je suis assez vite tombée sur les réseaux sociaux d’auteurs assez engagés.

Je pense notamment à Samantha Bailly, à l’époque, à la Charte des auteurs illustrateurs jeunesse. Donc j’ai pas mal suivi tout ça. Il y a eu notamment, mais je crois que c’était en 2018 ou 2017, le début de Paye ton auteur, un mouvement justement pour protester contre le fait que les auteurs en salon ne sont pas payés.

Et du coup, avant même d’être publiée, j’étais déjà sensibilisée à pas mal de choses sur tout ce qui ne va pas dans le milieu. Dès que j’ai été publiée, j’ai voulu rentrer et aider, on va dire dans ce type d’organisation, ça correspondait à la création de la Ligue des auteurs, donc je me suis tout de suite portée volontaire pour aider. Et puis, au bout d’un an, il y a eu les élections. Je me suis présentée, donc je suis rentrée au conseil d’administration. Et me voilà un an et demi plus tard, toujours là, il y a toujours autant de boulot, voire plus !

Ingrid: [00:26:16] Et par exemple, sur quoi vous travaillez ? Ou plutôt sur quoi travailles-tu ?

Les sujets en cours de la Ligue des auteurs professionnels

Betty: [00:26:24] Alors là, pendant un an, on a travaillé sur des lives. C’était un jeudi soir sur deux sur Twitch. On a fait 25 lives, sur la situation des auteurs, le statut des auteurs… Et on a invité des juristes, des spécialistes, des auteurs, d’autres organisations professionnelles pour parler pendant une heure et demie de tous ces sujets, avec des petites vidéos explicatives qui sont toujours disponibles sur des points précis du droit d’auteur.

Moi, je me suis beaucoup occupée de l’organisation de ces lives. C’est ma voix qu’on entend dans les vidéos. En bref, il y a eu pas mal de choses comme ça. C’était super intéressant, mais extrêmement prenant. Une vidéo toutes les deux semaines, 1h30 de live tous les deux semaines, il faut quand même y arriver.

Là, en ce moment, on travaille sur un document : 30 propositions pour les candidats à la présidentielle.

30 propositions sur comment améliorer le statut des auteurs. Et plus largement, comment améliorer la situation dans le milieu artistique et littéraire. Donc, voilà, en ce moment, on sort une proposition par jour pendant 30 jours pour montrer un peu la vraie situation et comment l’améliorer.

Quelles sont les propositions pour ça ? Et puis, forcément, avec une enquête qui est sortie dans la presse sur la question du harcèlement sexuel dans le milieu de l’édition, je me suis pas mal impliquée sur ce dossier là. Il y a des choses qui se passent avec d’autres organisations de professionnels, notamment côté éditeurs. Du côté des salons aussi. Il y a des réflexions qui s’engagent dans des propositions, qui se font des groupes de travail. Donc pas mal de boulot aussi sur ce sujet !

Ingrid: [00:28:32] Et qu’est ce qu’on peut faire, nous, auteurs, pour vous aider ou pour soutenir la Ligue?

Négocier son contrat d’édition quand on est auteur, c’est déjà s’engager

negociation

Betty: [00:28:57] Déjà, adhérer, si c’est possible, parce qu’on a quelques petites conditions. En général, il faut avoir publié au moins un livre, mais ça peut être aussi de l’auto édition, donc il n’y a pas de souci et l’adhésion n’est vraiment pas chère. On est à 15 euros actuellement pour l’année. Beaucoup d’autres organisations sont plutôt au dessus de 50 euros. On y va doucement sur les cotisations à adhérer pour qu’on aie le plus de monde possible. Et puis ne pas hésiter à relayer ce qu’on fait, ce qu’on dit.

En tant qu’auteur, un truc très important pour moi, c’est que quand on se retrouve dans la situation de négocier un contrat, par exemple, il faut toujours penser qu’on ne négocie pas que pour soi, mais pour les autres auteurs qui arrivent derrière. Et c’est très important de faire attention et de se renseigner sur tout ce qui est clauses abusives, sur les droits d’auteurs, sur plein de choses comme ça. Et d’essayer justement de faire stopper certaines pratiques des éditeurs qui se disent « On a toujours fait comme ça » parce que personne ne leur a dit « moi, je n’accepte pas cette condition ». Donc c’est important d’essayer de tirer tout le monde vers le haut en tirant son propre contrat vers le haut !

Conseils pour les auteurs en herbe

Ingrid: [00:30:31] Et pour être passé par là, quelle galère quand on est le petit auteur qui a encore soit rien, soit peu publié face à la maison d’édition, c’est vraiment difficile ! Même en étant très éduquée sur ce sujet, même en ayant consulté une juriste avant, quand on est là et qu’on doit expliquer pourquoi on n’est pas d’accord avec cette clause, c’est pas facile ! On mettra bien les liens pour vous soutenir et adhérer ! Au niveau des conseils que tu donnerais à de jeunes auteurs, on a déjà parlé du contrat, de la Ligue, mais tu en as peut-être d’autres. Que donnerais-tu comme conseil aux jeunes auteurs qui nous écoutent?

Betty: [00:31:14] Le premier conseil, c’est d’être patient, d’être patient avec soi-même et ses textes. Donc ne pas hésiter à les corriger, à les reprendre, à les laisser de côté si on n’est pas sûr. Et vraiment à avoir une démarche professionnelle quand on se présente aux éditeurs, et dans cette façon de le faire, tout simplement de ne pas se sentir inférieur aux éditeurs.

Commentaire d’Ingrid : à ce sujet, pense à consulter l’épisode de la championne de la patience : Publier une trilogie fantasy après 53 refus : l’exemple d’Aline Maurice

C’est un rapport de confiance mutuelle.

S’il y a un partenariat, il n’y a pas de lien de subordination.

Donc nous, on arrive avec l’œuvre, ce qui n’est pas rien. Et donc, effectivement, il faut prendre un peu confiance en soi et en son oeuvre. Si un éditeur est intéressé, c’est qu’il a ses raisons et que le contenu vaut le coup. Donc voilà, il faut défendre sa vision de son oeuvre comme on peut. Et puis, je dirais qu’il est important de bien s’entourer, dans le sens où il ne faut pas rester seul dans son coin. Aujourd’hui, on a les réseaux sociaux qui sont assez développés et il y a beaucoup d’entraide entre entre les auteurs. Donc voilà, il ne faut pas hésiter à poser des questions, à demander de l’aide et à ne pas vraiment rester seul face à ces problématiques.

Ingrid: [00:32:48] Sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup de choses qui se passent et en général positives, l’entraide, comme tu dis. Il y a plein de personnes publiques qui partagent leurs conseils, leurs expériences, etc. Mais il y a aussi un état d’esprit un peu bizarre quand on voit peut être ses collègues qui sont tous en train de publier et que nous, on n’avance pas ou qu’on a un truc qui tombe à l’eau. Ça peut aussi avoir un revers de médaille. Je sais que tu es active sur Twitter, est-ce que tu as vécu ça? Et comment faire d’après toi pour y échapper ?

La compétition sur les réseaux sociaux

Betty: [00:33:28] Oui, c’est un peu compliqué. C’est vrai que ça peut être un problème parce qu’on peut se dire que des choses sont un peu injustes. Après, honnêtement, je me rends compte d’ailleurs pas mal sur Twitter qu’il y a beaucoup de gens qui brassent beaucoup de vent dans leur façon de communiquer, justement pour gérer leurs propres insécurités. Et on a l’impression d’être face à des gens qui réussissent absolument tout, qui sont hyper sûrs d’eux de leur façon d’écrire, etc.

Et quand on creuse un peu, on se rend compte que non, pas forcément ou qu’il n’y a pas forcément beaucoup de choses qui sont sorties ou que ça n’a pas forcément lieu d’être vu comme merveilleux. Donc voilà, faire un peu attention à ceux qui, justement, vont peut être dans des situations où ils ont envie d’aider, mais pas pour les bonnes raisons. Plus pour se rehausser que pour vraiment aider.

Et puis, comme je disais, il faut être patient. Il y a des choses qui arrivent plus tard. D’autres gens qui ont la chance d’avoir des super réussites tout de suite. Il y a suffisamment de place dans ce milieu pour tout le monde. A partir du moment où on travaille suffisamment, en tout cas, il y a de la place. Donc voilà, il ne faut pas se dire que parce que untel aura réussi à sortir un bouquin dans la maison d’édition rêvée, que cette maison d’édition rêvée va fermer ses soumissions et ne plus jamais prendre notre bouquin !

« Quelqu’un a déjà eu l’idée ! »

Ingrid: [00:35:00] J’adore ce conseil. Je suis tellement d’accord avec toi. Les questions qu’on me pose sont souvent : « j’ai l’impression que Untel a déjà écrit telle idée et c’était mon idée. » Et ce que j’essaye de leur dire, c’est que l’idée, c’est 1% du livre finalement et que tout ce qu’on va faire d’autre, l’histoire, les personnages, notre ton, notre style, ça fera le reste. Et c’est OK. Merci beaucoup, Betty pour ces pour ces bons conseils. Alors, quelle va être ton actualité dans les mois à venir ?

Betty: [00:35:27] Alors déjà, pour cette fin d’année? Ouais. Dans quelques jours, il y a la masterclass qui sort sur l’école d’écriture de Cécile Duquenne, sur l’écriture interactive. Et ensuite, normalement, je ne sais pas encore quand exactement parce qu’on est en train de finir les corrections. Mais très prochainement, il devrait y avoir une série sur Rocambole. Elle s’appelle Le serment interdit et qui est de l’anticipation en mode polar un peu futuriste. Voilà pour mes projets d’ici la fin de l’année !

Ingrid: [00:36:03] Ça fait déjà pas mal. On va tout suivre avec attention, surtout sur Rocambole. J’aime beaucoup l’appli et j’ai d’ailleurs consacré un épisode à Rocambole. Je remettrai le lien aussi pour ceux qui ne l’ont pas suivi. Merci beaucoup Betty. En tout cas, je pense que tes conseils vont vraiment aider les auteurs en herbe.

Betty: [00:36:26] C’est ça, tout à fait.

Retrouve les livres de Betty  et son petit dernier : Les demoiselles d’honneur préfèrent les kilts

Et ses réseaux sociaux

Le compte Twitch de la Ligue des auteurs professionnels

La masterclass sur l’écriture interactive (coming soon)

La table ronde des Imaginales : Vidéo sur Facebook

Et le discours de Betty, que je voulais faire figurer ici : Lire sur Fantastiqueer

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👋 Je m’appelle Ingrid, je suis auteure et diplômée en écriture créative. Rejoins la communauté des auditeurs du Café des Auteurs sur jecrisunroman.eu/hello pour écrire avec nous et causer écriture, correction et édition !

Pour aller plus loin :

Incarner son personnage en narration interne

Je n’arrive pas à écrire : les bugs de ton cerveau

Ecrire un roman feelgood

Ecrire sur une personne publique

Créer des personnages attachants avec Célia Flaux

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