Une des questions que l’on me pose le plus fréquemment sur les réseaux ! Comment choisir le point de vue de son roman ? Omniscient, externe, interne ? Quelles sont leurs avantages et inconvénients ? Installe-toi confortablement, c’est parti !
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Lorsque l’on écrit un roman, on doit choisir qui parle, qui raconte, qui a accès aux informations. Dans le cas de l’écriture d’un livre témoignage ou d’une autobiographie , auteur et narrateur se confondent, mais dans le cas l’écriture de roman, plusieurs choix sont possibles : le narrateur omniscient, externe, et interne.
Je ou il : à quelle personne écrire son roman
Point de vue omniscient
C’est bien simple : celui-ci sait tout. Il peut entrer dans la tête de n’importe quel personnage, mais aussi décrire des scènes plus globales : la ville entière, une bataille, … On peut le comparer à une caméra, avec laquelle on pourrait zoomer jusqu’à l’intérieur de la tête des personnages, mais aussi dézoomer pour montrer de grandes scènes, une ville entière, etc.
En voici un petit exemple ! Il s’agit d’un extrait des Royaumes du Nord de Philip Pullman.
La narration omnisciente se dégage très rapidement puisqu’on a à la fois accès aux pensées de John Faa, de Lyra et de Pantalaimon. On suit tour à tour ces différents personnages, sans compter la description du bateau sur les vagues qui ne semble pas être observée par un personnage particulier.
Les avantages
- Plusieurs points de vue peuvent être abordés en même temps. Dans le cas d’une intrigue complexe, c’est vraiment un plus ! (par exemple dans cet extrait)
- On a accès aux pensées des personnages, contrairement à la narration externe où ce n’est pas le cas et où on doit tout expliquer autrement
- On choisit avec quel personnage on souhaite raconter selon les informations à donner
- Il est possible de décrire des scènes de bataille, des rues, des villes … comme un « drone » en plus de rentrer dans la tête des personnages
- Ce type de narration est facile à utiliser lorsque l’on débute !
Les inconvénients
Comme le narrateur sait tout, il peut être un peu plus délicat de maintenir le suspense, garder le lecteur en haleine …
De plus, omniscient ne veut pas dire faire n’importe quoi : si tu racontes 14 chapitres du point de vue du colonel Moutarde, le lecteur risque d’être surpris si tout à coup tu prends à la fois du point de vue de Mle Pervenche et du majordome. Pour réussir son point de vue omniscient, on fait attention au dosage.
Relis l’extrait ci-dessus : les points de vue sont relativement équilibrés !
La narration au point de vue externe
Le narrateur omniscient savait tout : le narrateur externe, a contrario, ne sait rien ! Il n’a accès aux pensées d’aucun des personnages et peut simplement observer les événements pour les déduire.
L’exemple sera un extrait de Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre.
Effectivement, le lecteur n’a pas accès aux pensées des personnages ici, il se contente d’observer la scène de loin. Même lorsque l’auteur décrit les pensées de Madeleine, on dirait plus qu’il les devine qu’autre chose.
Les avantages
Ce type de narration est intéressant car tout est à deviner. Faire planer le suspense est un jeu d’enfant, puisque le lecteur ne sait pas ce que pensent les personnages, ni si ce qu’ils disent est vrai. Dans le cas d’un roman policier ou d’un thriller, cette narration peut être un bon outil ! D’ailleurs, dans Couleurs de l’incendie, on voit tout un plan se dérouler, mais sans jamais vraiment savoir les pensées des personnages et leurs motifs, ce qui rend la lecture plutôt addictive dans mon cas !
Les inconvénients
L’auteur a du fil à retordre avec ce type de narration, surtout s’il débute : les pensées des personnages doivent être entièrement montrées sous forme de gestes, de paroles, d’actions. Impossible de dire « Madeleine est très en colère », il va falloir dire qu’elle pince les lèvres, se tait, serre les poings …
De même, pour faire passer des informations sur les personnages, l’auteur peut se servir des dialogues, mais attention à ne pas transformer les dialogues en exposés, sous peine de sortir le lecteur du récit.
Ainsi, dans mon école d’écriture en ligne, je déconseille ce type de narration aux débutants.
Le narrateur interne
Un des modes de narration les plus populaires, et pour cause : un personnage (ou plusieurs) raconte l’histoire. Le lecteur est dans sa tête, derrière ses yeux, comme un jeu vidéo en point de vue subjectif. Il a accès aux mêmes informations que le narrateur, ses émotions … et également ses idées, qui peuvent s’avérer fausses au cours du récit ! Un bon moyen de mener le lecteur en bateau, qu’utilise Fred Vargas dans ses enquêtes policières.
J’ai choisi un extrait de La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker.
Ici, l’histoire d’Harry Quebert est racontée par le personnage appelé Marcus. Mais de manière très incomplète : il s’imagine Harry en train d’écrire, se pose des questions sur lui auxquelles il n’a pas la réponse … et glisse vers ses émotions à lui (« moi aussi je voudrais être un génie »). En revanche, lorsqu’il est question de la serveuse, il ne sait pas ce qu’elle ressent, on voit simplement qu’elle parle, ou hoche la tête.
Les avantages
Suivre un (ou plusieurs) personnages sur toute une intrigue et accéder à ses émotions permet notamment une forte identification au héros et constater son évolution au cours de l’histoire, c’est le cas dans les Harry Potter par exemple.
Les avantages et inconvénients de la narration externe s’appliquent également pour tous les personnages autres que le narrateur : on n’a pas accès à leurs pensées, ce qui permet de manier le suspense.
Les inconvénients
De même, l’auteur devra donner les informations sur les autres personnages en les montrant à travers les yeux du narrateur.
Dans le cas d’une narration interne multiple, il peut être difficile de savoir qui parle à chaque changement de point de vue. George R.R. Martin, dans Game of Thrones, s’affranchit du problème en nommant ses chapitres d’après le narrateur (les chapitres s’appellent Brienne, Jaime, Cersei …). Il faut que le lecteur puisse identifier dès la première ligne qui parle : soit grâce au nom du personnage, soit le lieu, le sexe, ou encore la façon de parler … Sinon c’est très frustrant à lire et porte à confusion.
Enfin, les scènes globales (batailles …) dont je parlais dans le narrateur omniscient sont difficiles à raconter du point de vue d’un seul personnage. Par exemple, dans le film Star Wars, on suit la bataille du point de vue de plusieurs personnages : le pilote, les rebelles, les ennemis … pour avoir un aperçu global des événements. Avec un seul personnage, l’exercice s’avère difficile. C’est d’ailleurs un cliché répandu en SF : « la bataille fait rage dehors, mais moi je suis ici à vous raconter les événements ».
Comment choisir le point de vue pour son roman ?
Tout dépend de ce avec quoi tu es le plus à l’aise !
Ecrire un roman implique notamment de donner certaines informations au lecteur, décrire les émotions des personnages, leur évolution … ce qui est plus facile dans le cas de la narration omnisciente. Les points de vue externe et interne en revanche présentent le risque de «glissement de point de vue », à savoir, d’entrer dans la tête de personnages dont on n’est pas censé connaître les émotions. Par exemple, dans La vérité sur l’affaire Harry Quebert, si l’on disait « Jennie, déçue, ignora la réponse de Marcus », on entre dans la tête de Jennie alors que c’est Marcus le narrateur. Normalement, c’est lui qui nous décrit les personnages. Sinon, le lecteur risque d’être perdu.
L’identification du lecteur est à prendre en compte : en narration interne, elle est la plus forte. Elle peut également avoir lieu en narration omnisciente, par exemple en suivant un ou plusieurs personnages en particulier. En revanche, ce n’est quasiment pas le cas avec les récits en narration externe !
Et enfin, une question que l’on me pose très fréquemment sur l’école …
Peut-on changer de point de vue de narration au fil du roman ?
OUI ! Tu peux. A condition que ce soit justifié. Par exemple, si ton personnage écrit un journal intime, il s’exprimera au « je », tandis qu’un autre personnage pourra faire l’objet d’une narration externe. Idem si l’on alterne un récit au passé et un autre au présent, deux personnages différents, un rêve et la réalité … choisis une logique et restes-y ! Si l’auteur d’un roman en narration interne choisissait de faire le prologue au point de vue « omniscient en mode drone », je n’y verrais pas de problème.
L’essentiel est que le lecteur ne soit pas perdu au changement de point de vue : montre-lui qui est le nouveau narrateur, et pourquoi tu as fait ce choix !
Comment gérer les points de vue multiples, doit-on adapter son style …
C’est par ici : Point de vue de roman : je réponds à tes questions !
Si tu as encore des doutes, c’est normal ! Ecrire son premier roman c’est aussi tester différentes options pour savoir ce qui nous convient. Je te propose de découvrir l’école d’écriture en ligne pour écrire ton livre jusqu’au bout, choisir ton point de vue, ton temps de narration… grâce à des cours vidéo, et reste motivé jusqu’au point final grâce à la communauté et aux coachings !
Bon travail !